[AUDIENCE] Compte-rendu de l’audience avec la rectrice, 22/06/2020

Ce lundi 22 juin une délégation du Sgen CFDT Poitou-Charentes a rencontré Madame Bénédicte Robert, rectrice de l'académie de Poitiers, pour une audience articulée autour de deux thèmes majeurs : la santé des personnels et la préparation de la rentrée. Compte-rendu des grandes lignes de nos échanges.

« Remettre le travail et son organisation au cœur des réflexions »

En préambule, notre secrétaire général, Christian Labarbe, a rappelé combien la période que nous venons de traverser depuis le début du confinement a mis en lumière la nécessité de remettre le travail et son organisation au cœur des réflexions, pour les élèves comme pour les différentes catégories de personnels.

Il a aussi rappelé combien il a été intolérable d’entendre des critiques infondées envers toutes les catégories de personnels, critiques qui sont rapidement et violemment revenues sur le devant de la scène médiatique. Critiques injustes et d’autant plus mal perçues que souvent dues au décalage entre les prises de parole du ministre et la réalité du terrain…

À quand l’abandon de ce pilotage hyper centralisé et vertical, rétrograde, dévalorisant les compétences de tous et toutes ? Il est vraiment temps d’appliquer aux personnels la fameuse “confiance” qui depuis 3 ans n’est rien d’autre qu’un slogan, la mettre en pratique car tout ne peut pas se décider à Paris.

La santé des personnels au travail

Les derniers mois ont révélé quelques besoins nouveaux mais ils ont aussi mis en lumière des problématiques préexistantes.

À la question de la difficulté à avoir des interlocuteurs en matière de médecine de prévention ou même de gestion des ressources humaines, Madame la rectrice ainsi que son secrétaire général, M. Vial, nous ont informé que faute de candidature il n’y a toujours pas de “médecin du travail” dans l’académie de Poitiers, en attendant, les pistes pour pallier ce manque sont le développement de téléconsultations (en cours d’étude avec le ministère) ainsi que le recrutement d’un psychologue du travail et d’une infirmière de prévention.

Nous avons aussi demandé que l’offre de formation pour l’année 2020-2021 soit revue et prenne en compte les besoins liés au travail à distance ; prévention des troubles musculo-squelettiques par ex. mais aussi formations plus techniques sur l’enseignement à distance. L’objectif serait de faciliter sa mise en œuvre, si besoin, et ainsi diminuer le temps de travail passé ainsi que le stress généré par les difficultés à développer de nouvelles pratiques. Précision du secrétaire général : le bilan sur les risques psycho-sociaux qui sera dressé au prochain C.H.S.C.T. devrait aboutir à faire évoluer l’offre concernant la prévention et la santé au travail. Nous notons cette annonce et surveillerons sa mise en application.

Enfin, nous déplorons que certains personnels tel·les les psychologues de l’éducation nationale n’aient pas été plus sollicité·es alors que plusieurs fois elles / ils ont signalé leurs possibilités d’action, tant pendant le confinement que depuis la réouverture. Plusieurs signaux négatifs ont ainsi été reçus par une profession qui se sent malmenée depuis de longs mois maintenant.

Le cas particulier des directeurs et directrices d’école

Ces personnels ont été particulièrement malmenés durant cette période, notamment du fait de leur double casquette “enseignant·e” et “directeur·trice” mais aussi par la multiplicité de leurs champs d’action.

Nous avons revendiqué pour elles et eux non seulement plus de bienveillance qui passerait par une diminution de certaines charges inutiles (ex : certaines enquêtes…) mais aussi par une prime à l’image de celle qui a été annoncée pour les chef·fe·s d’établissement du second degré.

Par ailleurs, il nous a aussi semblé important de rappeler le point de vue Sgen CFDT sur le projet de loi en cours d’étude visant à créer un emploi fonctionnel de directeur et directrice d’école (à retrouver ICI). Nous précisons toutefois que pour nous cela ne doit être qu’une étape vers la création d’un établissement du premier degré même si le projet actuel est déjà une reconnaissance de leur métier. Le statu-quo n’est plus possible, les événements devraient ôter les derniers doutes sur ce sujet à celles et ceux qui en auraient eus.

La rentrée de septembre

Sans même parler de ce que seront les conditions sanitaires en septembre, la rentrée ne se fera pas dans la “normalité”. Il faudra prendre en compte les retards et lacunes diverses, sans chercher à culpabiliser ou faire porter une quelconque responsabilité à qui que ce soit, tant personnels qu’élèves. Il ne faudra pas non plus chercher à tout rattraper à tout prix.

Alors même que le ministre propose déjà / encore son remède miracle des évaluations nationales (nous attendons plutôt des adaptations des programmes), nous avons réaffirmé notre attachement à la liberté des équipes qui sont les mieux à même de savoir évaluer les besoins de leurs élèves. En revanche, nous pensons que le ministère ou le rectorat pourrait proposer des outils pour venir en appui à ce travail.

Par ailleurs, la rectrice a avancé l’idée d’organisations spécifiques dans les établissements, jusqu’aux vacances de Toussaint afin de remédier à certains manques. Si les équipes locales souhaitent s’en emparer cela nous paraît une bonne idée mais qui risque achopper sur les moyens mis à disposition pour cela. Nos questions sur ce point n’ont pas obtenu de réponse concrète…

Le relance du dispositif des réseaux ECLORE est aussi présentée comme un axe permettant de mettre en œuvre des mesures visant à éviter le décrochage, développer l’ambition des élèves mais aussi renforcer les collectifs, ce qui semble être un axe de la politique de Mme Robert. Si nous sommes favorables à l’idée même de ces réseaux, là encore nous attendrons de  voir quels moyens leur sont octroyés pour qu’ils puissent concrètement participer à limiter les effets délétères du confinement.

Pour notre part nous proposons aussi la mise en place de sortes de “plan blanc” pour l’éducation nationale, ce qui contribuerait à limiter l’improvisation, la surcharge de travail mais aussi de stress lors d’une éventuelle nouvelle situation de crise.

Enfin nous avons abordé l’insertion scolaire et socioprofessionnelle des jeunes qui doit être une priorité. Comment la prise en charge des élèves décrocheurs au sein de l’Éducation nationale pourra-t-elle être optimale si l’État ne revient pas sur les baisses de moyens annoncées (la MLDS, Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire, s’est vu supprimer 4 postes [ETP], le Micro-lycée de Saint-Maixent perd 30 % de sa dotation) ? Comme pour les éventuelles ouvertures de BTS ou les modalités d’accueil des nouveaux et nouvelles étudiant·es post-bac, aucune réponse concrète ne nous a encore été apportée. Les discussions et préparations sur ces derniers thèmes sont toujours en cours.

Le constat d’une “fracture scolaire” aggravée par cet épisode pandémique est donc indiscutable, nous continuerons donc à militer et porter nos valeurs pour participer à en limiter les conséquences, le risque à moyen terme étant une réelle et triste “facture sociale”.

N.B. : – Pour plusieurs points auxquels des réponses précises n’ont pas été apportées, nous reprenons contact dès ce jour par courrier avec Madame la rectrice et son secrétaire général, la visio-conférence ayant rendu difficile les interactions et retours sur les questions.

Les propositions du Sgen-CFDT pour la rentrée : ICI.