Déclaration de rentrée des personnels de direction du Sgen-CFDT Poitou Charentes

Mme La Rectrice de l'académie de Poitiers a réuni les chefs d'établissements la semaine passée, comme il est de tradition, avant les rentrée des enseignants et celle des élèves. Deux Perdirs de notre syndicat ont pu faire lecture de la déclaration ci dessous.

Déclaration de rentrée des personnels de direction du Sgen-CFDT

Madame la rectrice, Mesdames et messieurs les directrices et directeurs académiques, Mesdames et messieurs les chef.fes de services académiques,

Mesdames les inspectrices, Messieurs les inspecteurs, Cher.es collègues,

 

Tout d’abord nous souhaitons la bienvenue à tous les nouveaux collègues qui rejoignent en cette rentrée notre académie.

Nous souhaitons aussi saluer l’arrivée d’un nouveau ministre qui a pris ses fonctions pendant l’été.

Nous pensons fortement en cette rentrée à notre collègue de Lisieux qui a probablement trouvé la mort en faisant son métier, un métier à risque. Nous pensons à sa famille, à la communauté éducative de son établissement.

Il faut que soit clairement posée la question du lever de doutes lors du déclenchement des alarmes intrusion des établissements. Est-ce bien de la responsabilité des personnels d’astreinte ? (Personnels de direction, gestionnaire, CPE ?)

Cette prise de parole est d’ores et déjà empreinte de gravité et d’inquiétude. Pourtant à la rentrée nous devrions être plein d’enthousiasme à l’idée de retrouver nos équipes et nos élèves.

Ce n’est hélas pas complètement le cas.

Nous souhaitons au Sgen CFDT que la parole publique reprenne du sens et de la hauteur de vue face aux défis qui sont les nôtres.

Les émeutes qui ont secoué le pays et touché de nombreux établissements scolaires n’ont pas trouvé d’autres réponses que répressives et moralisatrices. Il est pourtant évident que le système scolaire doit prendre part à une réflexion de fond sur l’éducation et l’avenir proposé à la jeunesse. La proposition de modification du calendrier scolaire ne peut être la réponse idoine à de tels enjeux.

Nous avons laissé nos établissements avec de nombreuses questions en suspens, notamment en ce qui concerne la mise en place du pacte dans le 1er et le 2nd degré.

Nous avions affirmé notre opposition au pacte et nous avions annoncé qu’il ne  pourrait pas être opérationnel à la rentrée en raison notamment d’un calendrier imposé en méconnaissance du fonctionnement  des établissements. C’est ce qu’il se passe.

D’aucuns s’étonnent de l’opposition massive du corps enseignant à la mise en place du Pacte, notamment sur la part fonctionnelle des 18 h de remplacement, les enseignants préférant être rémunérés 40 € de l’heure en HSE plutôt que 70 € via le pacte. Mais ne faut-il pas y voir là une perte totale de confiance des enseignants dans leur institution ? Pour reprendre une expression politique célèbre : quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup.

M le Ministre affirme 3 principes pour cette année scolaire notamment la garantie que chaque élève ait un professeur devant lui à chaque jour de cours.

Ce sont les personnels de direction qui vont être dans une situation professionnelle très inconfortable. Entre d’un côté les parents qui exigeront les remplacements et de l’autre l’administration qui nous demande de devenir des contrôleurs de gestion, c’est la nature même de notre métier de pilote pédagogique qui est encore attaquée.

Et le réel ce sera l’impossibilité de répondre efficacement à un problème important.

Le ministre veut faire de l’école un lieu ou chaque enfant peut être heureux.

Pour cela et pour atteindre les objectifs ambitieux d’une institution qui lutte contre le harcèlement, il faut des personnels, nommés, formés et accompagnés professionnellement.

Il convient aussi pour améliorer le fonctionnement de mieux écouter les usagers que sont les élèves.

Enfin la réponse aux questions du harcèlement ne peut être fondé uniquement sur l’aspect répressif. Qu’est devenu le primat de l’éducatif, principe affirmé par la constitution ?

Il est temps d’adapter nos missions à notre temps de travail, ce qui demeure pour le Sgen-CFDT notre principale revendication. Cela revient aussi à protéger la santé des cadres. Des conditions de travail dégradées augmentent les risque psycho sociaux.

Or, nos conditions de travail ne cessent de se dégrader. Nous ne comptons plus les appels de nos collègues désemparés devant l’ampleur des tâches que ce soit en collège, en lycée professionnel ou en lycée général. Nous ne cessons de dénoncer les équipes administratives incomplètes qui contribuent à alimenter cette souffrance. L’école traverse une crise de sens que les personnels d’encadrement ne peuvent pas absorber.

Les calendriers qui changent en cours d’année. Les priorités qui s’empilent. Un management parfois vécu comme brutal.

S’il le faut  nous  demanderons aux collègues qui se sentent en difficulté du fait d’un volume de travail impossible, de remplir le registre Santé et Sécurité au Travail

 

Les propositions du Sgen CFDT :

Pourtant des solutions existent pour faire progresser notre institution. D’autres pays ont réussi à moderniser leur système éducatif.

Cela passe par davantage de confiance envers les femmes et les hommes qui travaillent. Davantage d’horizontalité dans les prises de décision, davantage d’intelligence collective.

Le changement climatique, notamment implique que nous nous éduquions autrement.

Les établissements scolaires doivent prendre cette dimension en compte. Ils ne doivent plus être des passoires thermiques mais il faut aussi qu’ils soient pensés pour être des lieux d’accueil favorables au travail des adultes et des élèves.

Des adultes mieux formés, évoluant dans des univers respectueux des normes sociales et environnementales prépareront mieux la jeunesse à un avenir complexe.

Les programmes scolaires doivent être modifiés, allégés pour mieux préparer au travail collectif et mettre fin à une compétition scolaire qui dessert ceux qui y participent comme ceux qui en sont exclus.

La responsabilité du bâti étant une prérogative des collectivités locales, il faut que l’Etat impulse une réflexion globale sur les projets éducatifs de territoire. Cela va de la petite enfance jusqu’à l’Université, en passant par l’enfance en danger et l’inclusion de tous les publics.

Le Sgen CFDT est force de propositions sur tous ces sujets.

Nous nous refusons de faire la liste des priorités fixées d’ores et déjà en cette rentrée tellement elles sont nombreuses. Nous demandons qu’on nous laisse le temps, prioriser en fonction de chaque situation de territoire et surtout d’arrêter de mettre une pression inacceptable sur les équipes de direction surtout lorsque les politiques sont obligatoires mais basées sur le volontariat des enseignants. Pression qui s’accompagne généralement d’ordre et de contre ordres.

Enfin nous nous inquiétons des annonces du chef de l’Etat le 23 août qui ne semble pas aller dans le sens du dialogue social mais correspondent davantage, encore une fois, à une vérité descendante.

Le Sgen-CFDT est prêt à engager un dialogue en abordant tous les sujets à partir d’indicateurs, notamment sur le calendrier et les rythmes scolaires.

Parce que le Sgen Cfdt défend l’égalité professionnelle il restera attentif aux déroulements de carrières de l’ensemble de notre profession et veillera à la promotion à la HC des adjointes et des adjoints. Attaché au respect de l’égalité professionnelle, le Sgen-CFDT soutiendra les mobilités des femmes qui doivent comme leurs collègues hommes être promues comme mutées sur des postes à la hauteur de leurs compétences.

Je vous remercie de votre attention et renouvelle au nom du Sgen-CFDT, pour l’ensemble de cette assemblée et leurs collectifs de travail, nos souhaits d’une agréable rentrée et d’une année plus apaisée.

2023 Déclaration de rentrée du Sgen-CFDT des personnels de direction. Nationale