Les évaluations nationales ou l’école de la confiance…

Le billet d'humeur d'un adhérent professeur des écoles.

« L’école de la confiance » est depuis quelque temps plus qu’un slogan. C’est devenu une réalité. Chaque nouveau document officiel de notre ministère nous le rappelle comme une évidence. Le signe d’une bonne pédagogie. Les évaluations nationales 2024-2025 n’échappent pas à la règle. Il est vrai qu’elles témoignent d’une telle confiance à l’égard des enseignants qu’elles sont pensées et concues sans eux et corrigées sans leur concours. Ils ont cru au temps de leur enthousiasme plus ou moins juvénile, passer un concours de l’enseignement. Les voilà transformés en petits soldats numériques réduits à saisir les copies des élèves. La confiance est si grande à leur égard qu’il paraît même nécessaire de leur expliquer à l’aide d’un livret aussi conséquent que celui des élèves qu’il faut dire aux élèves de tourner la page. Dix, vingt ou trente ans d’enseignement ne leur en auraient pas donné l’idée. Un détail, me direz-vous. Mais n’est-ce pas là que se loge le diable? Les problèmes de forme ne sont-ils pas des problèmes de fond qui remontent à la surface ?

Quant au fond, parlons en brièvement et à mon petit niveau de professeur des écoles d’une classe de CE2. Je ne prétends pas avoir une vision d’ensemble. Je constate que la compréhension d’un texte vise avant tout à s’assurer qu’un élève ne confonde pas un monsieur avec un chapeau noir dans une maison sans cheminée et un petit chat à la fenêtre plutôt qu’une dame avec un chapeau blanc dans une maison avec cheminée et un petit chien dans l’escalier… Je caricature à peine. On m’expliquera doctement que derrière cet exercice sibyllin, on évalue la capacité de l’élève à saisir l’implicite. Me voilà donc prévenu : l’objectif premier de mon enseignement est de former les élèves à l’intelligence artificielle.
Je croyais qu’enseigner c’était susciter des rencontres, des étonnements, des  émotions, des colères, des admirations grâce à Artémis, Cosette, l’homme du 18 juin, Chagall ou qui sais-je encore… Je le crois encore. Mais j’ai accepté de faire passer ces évaluations de la défiance.

Nicolas, Professeur des écoles

Évaluations nationales